J'ai tellement honte: je suis complètement remué, jusqu'aux larmes, par la campagne de 30 millions d'amis contre l'abandon des animaux de compagnie.
Pour un chien!
J'avais déjà été heurté par l'affiche du chien aux yeux tristes, et son accroche que j'ai imitée en titre: "j'ai tellement peur que mon maître se soit perdu".
Mais la petite vidéo associée est encore plus poignante--> "à quoi pense un animal abandonné?"
Après ce choc, de nombreux sentiments et quelques réflexions viennent s'emmêler dans ma tête.
Après ce choc, de nombreux sentiments et quelques réflexions viennent s'emmêler dans ma tête.
Tout de suite, je me demande si j'ai au moins gardé le même niveau d'empathie avec les humains!
Depuis tout jeune, depuis les premières images du Biafra affamé, j'ai assisté à tant de désastres mis en spectacle par les journaux TV du soir, guerres, génocides, tortures, famines, inondations, séismes, ... Et j'ai reçu année après année tous ces chocs, avec toujours le même sentiment d'impuissance. Ma sensibilité n'aurait-elle pas été émoussée par la répétition? Un peu comme l'oreille d'un travailleur rendue sourde aux sons qui régnaient en continu dans son atelier.
Depuis tout jeune, depuis les premières images du Biafra affamé, j'ai assisté à tant de désastres mis en spectacle par les journaux TV du soir, guerres, génocides, tortures, famines, inondations, séismes, ... Et j'ai reçu année après année tous ces chocs, avec toujours le même sentiment d'impuissance. Ma sensibilité n'aurait-elle pas été émoussée par la répétition? Un peu comme l'oreille d'un travailleur rendue sourde aux sons qui régnaient en continu dans son atelier.
Heureusement, je ne crois pas avoir durci mon épiderme.
Et puis, un animal de compagnie (surtout le chien, mais ce n'est pas le seul), c'est d'abord la présence de l'absolu à côté de soi. Un amour absolu pour son maître ou sa maîtresse, sans un nuage, sans une ombre, sans une demi-mesure. Une fidélité totale, à toute épreuve. Quand bien même la société, la famille proche, la propre mère de son maître le renierait, il serait là, entier, fidèle, pur, innocent... et totalement confiant. Il le regarderait comme au premier jour, avec les yeux de Chimène. Cet amour et cette fidélité absolus, c'est un joyau que l'humanité a mis des centaines de milliers d'années à façonner et tailler, pour trouver naturel et normal qu'il brille maintenant en permanence à ses côtés.
Comment ne pas considérer l'abandon de cet animal à la hauteur de l'amour et de la confiance qu'il met en nous? C'est une trahison, une félonie, un crime contre la nature. Un crime contre nous-mêmes aussi, car l'humanité fait partie de la nature! Rien de plus normal que d'être révulsé par ces actes qui rabaissent l'homme qui les commet... bien plus bas que les animaux.
Bon, du calme. En réfléchissant, c'est peut-être la qualité de la campagne de publicité qui a déclenché ces sentiments chez moi, peut-être faut-il tout simplement aller voir du côté du branchement de mon cerveau. Cette campagne aurait ainsi trouvé comment atteindre en direct une zone intime, le siège secret de mes réactions émotionnelles.
Oui, probablement, on ne peut nier la puissance de la communication. Telle la photo de la jeune vietnamienne brûlée par le napalm des hélicos qui avait pu retourner l'opinion du peuple américain.
Mais c'est à nuancer ici. Pour trouver la zone réactive, il faut bien que celle-ci existe. La même équipe de pub peut se sublimer et sortir la plus belle campagne pour promouvoir la vague bleue Marine, celle-ci passera entre mes oreilles sans toucher un seul neurone, sinon celui du dégoût.
Bref, tout bien réfléchi, je n'ai plus honte d'avoir eu une telle réaction.