dimanche 27 mars 2011

France-Infoot

Depuis que la radio Ouï-FM a été rachetée par Arthur. je n'écoute plus que France-Info.
Je suis très sensible au ton général d'une radio, et c'est celui de France-Info que je préfère. Il sonne souvent juste, entre l'énoncé le plus objectif possible de l'information et les enchaînements ou petits apartés entre journalistes. On sent un bon esprit d'équipe. Je me suis accoutumé au rythme régulier des invités, débateurs et chroniqueurs, et j'ai la certitude de ne pas avoir à subir les deux plaies radiophoniques majeures: des plages de publicité plus grandes que celle de Carnac et de Berck réunies, et, surtout, des interventions d'auditeurs aussi légères que les sketches de JM. Bigard.
Donc, tout va bien, d'autant que mon poste de radio est très ancien, et que je ne veux pas changer de réglage. J'ai trop galéré, entre crachotis et couinements, lors de la dernière grève des ondes publiques.
Tout va bien... ou presque. Car je coince sur les WE. Les samedis et les dimanches, c'est l'horreur du foot. Alors qu'ils pourraient être propices à la réflexion, à la prise de recul sociale, économique, culturelle, voire philosophique!
Hélas, la radio publique est envahie par une horde de journalistes sportifs qui prennent le pouvoir pendant tout le WE. Au secours, est-ce que quelqu'un est au courant? La démocratie qui règne en semaine est bafouée par des dictateurs footo-addicts, qui ne lâchent plus le micro une seule seconde. Oh, ils sont très bien organisés. Les matches sont étalés sur les deux jours et, en plus du commentaire in situ, ils sont pronostiqués, analysés, scannerisés, diagnostiqués, disséqués, etc... avec le même niveau de sérieux et de moyens que pour une élection présidentielle... à part qu'ils reviennent toutes les semaines!
Et quelle excitation! Ces verbeux du micro sportif ont un débit de mitraillette à faire passer un camelot de foire pour un bègue suisse. Evidemment, sans l'image, ils partent avec un handicap. Visiblement, si j'ose dire, cette carence les énerve. Alors ils surcompensent, ils forcent sur le vocabulaire, résolument guerrier. Une équipe ne se déplace pas à l'extérieur, elle va défier l'adversaire sur son territoire, elle ne prend pas le dessus, elle transperce la défense adverse, un joueur ne marque pas un but, il crucifie le gardien, etc...
Alors, je branche et débranche fébrilement ma radio tout le WE, avec d'autant moins d'espoir qu'une autre bande de malfrats radiophoniques commence aussi à sévir sur les ondes, la tribu de la France-Infovalie !

Finalement, merci à tous ces monomaniaques du ballon rond ou ovale, ils me feraient presque apprécier le retour du lundi et de son train-train quotidien (Japon, Lybie, Syrie, Marine, Claude Guéant, ...).

vendredi 18 mars 2011

Partir en fumée? Non merci


Il est hors de question que je me fasse incinérer.
Comme il me sera difficile d'exprimer mon opinion lorsque le choix se présentera, je tiens à le clamer haut et fort dès maintenant.
Quoi? A peine mon petit moteur interne éteint, à peine mes deux soufflets à oxygène enfin au repos, il faudrait aussitôt mettre en route tout un attirail effrayant, bruyant et brûlant? Pas question. J'aurais l'impression de quitter le monde une deuxième fois, en fumée. Puisqu'il faut mourir, j'ai le choix de faire un trajet bio, sans brûler les étapes.
Eh oui, la mort est bien encombrante, elle n'a plus sa place dans notre monde d'apparences. Qui parmi nous a déjà vu un mort? La mort,, on veut la nier, la grimer, la maintenir à distance. Alors, l'incinération, c'est pratique, propre et moderne. Le feu purifie, la flamme monte "pure et légère vers le ciel étoilé", et les cendres s'envolent, très photogéniques comme sur la route de Madison.
Eh bien je m'inscris en faux. J'aime à imaginer la pourriture s'insinuant lentement dans mes entrailles, surgissant de mes entrailles. Il faut un cercueil en bois naturel, fin, sans vernis ni produit antibactériens. Un bois qui retourne vite à la terre, et laisse mon corps dans l'humus régénérateur d'un cimetière mal entretenu. Je veux imaginer ce corps creusé par les taupes, visité par les limaces, nettoyé par les lombrics et les fourmis. Je veux que doucement mes humeurs se diluent dans l'humus, mes molécules retournent dans le cycle de la vie. Je ne suis pas propriétaire de ce corps, je l'ai juste emprunté à la terre, à l'air, à l'eau et au feu. Une étincelle dont je ne comprends pas bien l'origine l'a animé un moment, mais il est temps maintenant de rendre son dû à la nature. Qu'à donc à faire la nature de mes cendres? Un petit Hiroshima à chaque mort, la nature nous dit merci! Vous avez vu Pompéi sous la cendre?
Le corps humain est 100% recyclable, et la recette est si simple: faire un trou dans la terre, enfouir le corps, le recouvrir de terre, laisser reposer.
Et tant qu'on y est, j'aimerais aller directement à la fosse commune. J'aime cette idée d'un brassage oecuménique de chairs et d'os de toutes origines. La communauté des hommes et des femmes enfin réalité.
J'aime à rêver que quelques particules de mon ex-moi se retrouveront par exemple dans le coeur excité des passereaux qui saluent le soleil levant, ou dans les coquilles des escargots qui se hâtent sur les murets moussus, ou dans le cerveau du futur Mozart...

samedi 12 mars 2011

A droite toute: danger

L'UMP nous offre encore un de ces spectacles pitoyables dont elle a le secret. Alors que plusieurs sondages indiquent que Marine Le Pen arriverait en tête au premier tour des présidentielles, elle pousse des cris d’orfraie, en appelle au sursaut républicain... et tente de reprendre la main en marchant masquée sur les terres du FN.
Quelle est en effet depuis plusieurs mois la réponse du pouvoir à la montée du FN nouveau? Stigmatiser les étrangers, les immigrés, en particulier les musulmans. C'est une double erreur.
D'une part, pourquoi avoir une pale copie, alors que l’on peut avoir l’original de la haine, la blonde Marine et son cortège? Sur ce terrain, l’UMP a perdu d’avance.
De plus, et c'est pire, il se trompe de combat. Ce pathétique parti qui s’accroche au pouvoir essaie d’appliquer un emplâtre sur une jambe de bois. Il s’attaque à l’effet, pas à la cause du malaise. Et perd ainsi le peu d'âme qui lui reste en attisant l'islamophobie.
La cause profonde, c'est la précarisation de la France et des français, comme une maladie honteuse dont personne n'ose parler. C'est la ceinture qui se serre un peu plus tous les jours, ce sont les dépenses de base qui augmentent alors que le salaire stagne. C'est la peur du lendemain et des licenciements, même dans les entreprises qui font des bénéfices. Ce sont les jeunes qui errent de stage en stage, surperformants et sous-payés. Ce sont les efforts permanents et inutiles de productivité: les ingénieurs hindous et les ouvrières chinoises gagnent vingt fois moins que leurs homologues français!
La cause profonde, c'est aussi le spectacle d’une insupportable injustice, la vision d’une caste de possédants et de scandaleux nouveaux riches, dont la fortune se fait souvent sur le malheur des autres. Le tout sur l'air de Jacques Dutronc : "j'en profite pour faire mon beurre".
La cause profonde, c'est enfin, l'impression d'une totale incapacité de nos élus à diriger le bateau ivre de la nation, emporté dans un maelström mondial, financier et économique. Pantins tournant hystériquement une barre folle sur un bateau sans gouvernail. Qu'en attendre? L'Etat est surendetté, sa protection est devenue un parapluie troué. Santé, retraite, aides familiales, il vaut mieux compter sur soi-même que sur un système bientôt exsangue.

Alors quoi de plus naturel que de se tourner vers les sirènes rassurantes du FN? Là, tout est clair, même si tout est faux. Approche rationnelle de la situation, explication, solution, lendemains qui chantent. Youpi. Cocorico. Le tout en jouant sur ce qu'il y a de pire en nous, l'ignorance et la haine de l'autre. Le juif hier, le musulman aujourd'hui, qui demain? Rom, homosexuel, communiste, la liste est hélas connue....Le FN est le tombeau moderne des Pharisiens, joliment repeint à l'extérieur, cachant des monceaux de pourriture à l'intérieur. Et qui attendent leur heure pour se répandre.

Mais, plutôt que d’oser prendre le taureau par les cornes, de développer un salutaire effort d'éducation et de rassemblement, plutôt que de faire appel à l’intelligence et à la capacité des françaises et des français à se mobiliser pour des causes qui en valent la peine, le gouvernement tempère, allume des contre-feux inefficaces, va d’emplâtre en emplâtre … Il tombera, de toute façon! Dommage, si au moins il avait essayé, il serait tombé peut-être aussi, mais la tête haute, et l'âme intacte, fier d’avoir osé expliquer ... Expliquer quoi au fait? Ce que tout individu comprend, qu’on ne peut vivre des années au-dessus de ses moyens, qu'il faut ensemble réduire la voilure. Dommage, le tour était peut être possible, avec un véritable travail de justice dans la répartition des efforts, entre travail et capital, entre finance et économie.

Alors, qui pour faire obstacle ? Si le « sursaut républicain » tient encore en 2012, comme avec Chirac, le pouvoir élu aura 5 ans pour faire preuve de courage politique. Sinon, les temps obscurs couvriront le territoire, et pour longtemps.

vendredi 4 mars 2011

Infini : le symbole

Voici bien longtemps, je fis mes humanités dans un lycée de Versailles. "Seul dans le désert, avec une feuille de papier et un crayon", tel était le bonheur que le professeur de mathématiques me fit miroiter, le regard brillant d'émotion.
J'avais 18 ans, une conspiration socio-éducative s'apprêtait à me voler deux années de ma vie (oh, pas grave, entre 18 et 20 ans!), à me souder à ma table d'écolier pour mieux m'évaluer, me soupeser et me trier, ("Trié sur le volé", comme dirait Goscinny dans Iznogoud)
Heureusement, j'ai trouvé d'autres bonheurs que les maths et la feuille de papier, j'ai même gardé quelques bons souvenirs de cette période cloîtrée.
Mais j'ai été marqué à vie par une découverte majeure: le symbole de l'infini!
Au début, il m'allait bien, ce huit nonchalamment allongé. L'écriture de sa forme doucement arrondie reposait le bras fatigué du guerrier scribe que j'étais devenu. C'était comme un petit jogging carpien.
Je me renseignai sur l'origine de ce symbole. Comme d'habitude, les experts ne sont pas d'accord entre eux, mais je penchai pour le côté poétique de l'avatar du dieu Vishnou, le serpent infini représenté enroulé sur lui-même. Pas de début, pas de fin. Un infini fermé, c'est beau quand même. J'aurais dû me méfier.
Je fus un peu surpris de retrouver cette image dans le ruban de Moebius, vous savez, cette courroie que l'on coupe, tord et recoud, et qui devient un mystère topologique, avec une seule face. Essayez et vous verrez, c'est bluffant.
Je me suis alors rendu compte que ce symbole commençait à me hanter. Heureusement la fin du tunnel arriva. Pour me changer les idées, je passai mes vacances en Bretagne, moniteur sur Caravelle de remuants jeunes parisiens envoyés là pour reposer leurs parents. Et qu'est-ce qu'il fait pour avancer, le moniteur, quand il n'y a pas de vent? Il godille. Et là, horreur! Le mouvement de la godille reproduisit très exactement ce huit allongé. De plus, il est vrai que pour bouger une Caravelle, il faut un temps presque infini.
Au retour des vacances, avec le statut d'élève de Grande Ecole en poche, je me préparai à me venger des deux années de bagne, me promettant un service minimum. Pas de quoi être fier, alors que les études devenaient justement intéressantes. Mais j'avais du temps à rattraper. Je m'ouvris ainsi à d'autres disciplines, disons pas officiellement répertoriées. A cette occasion, je me rendis compte que l'infini me poursuivrait toute ma vie.
Eh oui, je retrouvai,
à mon corps défendant,
ce signe universel
dans l'hypnotique boucle
qu'un doux balancement
imprime dans l'espace
aux hanches féminines.