dimanche 19 février 2012

Six milliards ... si proches

Six milliards d'autres...projet de Yann Arthus-Bertrand. C'est un miroir de l'humanité. Des milliers d'interviews partout sur la planète, toujours les mêmes questions fondamentales, qui s'adressent à tout être humain.
Et à moi, et à moi, et à moi!, comme dirait Jacques Dutronc.
J'ai été passionné par les sujets abordés (comme le sens de la vie dans mon message précédent). Ils nous remuent, ils résonnent dans notre tête. Je me suis prêté à cet exercice, en essayant de respecter la spontanéité des interviews.


Amour: Un japonais questionné dit tranquillement qu'il pourrait donner sa vie par amour. Cette idée, très belle (mais très conceptuelle), je la reprends à mon compte. L'amour est une alchimie interne qui donne des ressources surhumaines, au delà de la vie et de la mort. Mais la plus belle preuve d'amour, c'est de le préserver et de l'embellir au quotidien, entre la marguerite et le pot-au-feu, entre la rose et la vaisselle.

Dieu: Invoquer son nom a justifié trop de haines, de souffrances et de morts. S'il n'existe pas, pourquoi s'en soucier? S'il existe, sa vie et la nôtre sont totalement étanches, alors pourquoi s'en soucier? Il est, dit-on, une réponse à l'angoisse de la mort: à voir vivre les croyants, je n'ai pas l'impression que cette réponse soit à la hauteur des attentes.

Différences: J'ai été frappé en regardant les centaines d'interviews par l'unicité de l'humain. Des plateaux boliviens aux plaines russes, des forêts finlandaises aux déserts maliens, des mégalopoles américaines aux villages papous, la même profondeur des réponses, les mêmes aspirations, les mêmes rêves. Une superbe leçon. Ah oui, j'ai oublié un hiatus, un décalage, c'est lorsque Dieu s'invite et répond à notre place. "Circulez, il n'y a rien à réfléchir." 

Enfance: Est-il banal de dire que j'ai eu une enfance heureuse? A choisir, le meilleur souvenir se passe en voiture en famille. Sur des petites routes de vacances en Italie, à chanter ensemble et à tue-tête du Henri Salvador et du Joe Dassin, zaï zaï zaï zaï.... 


Epreuves: J'en ai peu connues, mais elles ont laissé à chaque fois une trace indélébile. Trop personnelles, je les garde pour moi. Je peux quand même dire que je suis très peu doué pour les épreuves. Par contre, l'attitude et les interventions de mon épouse ont toujours forcé mon respect. Ce n'est pas un hasard si la nature nous pousse à vivre à deux. Comme dans le partage de l'ADN, elle mélange et retient le meilleur des deux. (Ce n'est pas toujours le (ou la) même selon l'occasion.)


Famille: Décidément un pôle qui revient souvent dans les réponses. Il est vrai que, pour ceux qui en souffrent, c'est une plaie jamais cicatrisée mais je n'ai pas connu cette douleur. Pour moi, la famille est comme l'air que l'on respire, naturelle. Que ce soit celle d'où je viens, celle que j'ai fondée, et celles que fondent mes enfants. C’est quand l’air vient à manquer que l’on se rend compte de son importance.


Guerre: J'ai longtemps cru que les bons combattaient les méchants, sur des grands champs de bataille au son du clairon et des canons. Mais la guerre, c'est ton voisin depuis 20 ans, celui qui prenait hier l'apéritif chez toi, et qui vient aujourd'hui assassiner ta famille à coup de mitraillette ou de machette. Avons-nous tous cette part d'ombre?


Joie: j'ai la chance d'avoir eu des joies très fortes dans ma vie, et j'espère que ce n'est pas fini. Joies de la pratique de la voile, de la randonnée, de la danse, de l'écriture, et même (parfois) dans mon travail!... J'ai eu la joie indicible de voir mon épouse enceinte trois fois, j'ai vu naître mes trois enfants, en bonne santé. C'étaient des joies intenses, mais un peu teintées d'anxiété. Si je cherche une joie sans nuage, profonde et durable, j'ose dire ici que c'est mon épouse qui me l'a apportée, en répondant à mes timides avances.  


Nature: A donné l'adjectif naturel, qui va de soi. Nous ne sommes pas entourés par la nature, nous sommes dans la nature. Nous sommes trop occupés à conserver notre mode de vie pour voir qu'il mène dans l'impasse et détruit petit-à-petit ce qui allait de soi jusqu'à présent, et peut-être nous-même.

Peur: J'ai été profondément touché par cet éthïopien dont la plus grande peur était la faim pour ses enfants. Il leur apprenait à très peu manger... Ma plus grande peur est aussi la souffrance de mes enfants. Et j'ai moins peur de la mort que de la vieillesse, comme Jacques Brel.



Progrès: Progresser veut juste dire à la base "aller de l'avant". C'est le sens commun qui a ajouté un côté positif. Il est vrai que nos parents ont vécu sur les ailes des trente glorieuses. Mais on peut maintenant penser aux sept vaches maigres de l'Ancien Testament. Pour moi, le progrès va de pair avec une gestion juste de décroissance volontaire. Qu'on le veuille ou non (cf. la Grèce, et bientôt une bonne partie de l'Europe) il faut réduire la voilure, jeter du lest, retrouver l'essentiel. Et tout cela alors même que les disparités de richesses sont encore flagrantes. Ce ne sera pas facile. 

Message à transmettre à ses enfants: Inutile de croire que quelques lignes ici seront efficaces. Seul l'exemple est valable. J'espère que mes enfants sauront, comme Renaud, "aimer la vie, même si le temps est assassin, et emporte avec lui les rires des enfants". Mon père en est un merveilleux exemple. Encore et toujours enthousiaste, curieux, aimant l'humour et confiant dans l'autre.