Je suis entré dans le monde du travail voici 30 ans. Ingénieur par intérêt, manager par nécessité.
Pendant toute cette période, j'ai assisté et participé à mon corps défendant à l'application stricte de la division.
Quel que soit le discours de la classe dirigeante, leur calculatrice ne connaît que cette opération.
Combien voulez-vous gagner plus? Pas de problème. Combien coûte un employé, déjà...attendez une seconde...voilà, il suffit de supprimer X postes.
Cette division est créatrice de dividendes.
Et ceux qui restent travaillent plus pour gagner ... pas plus ... plutôt moins.
Comme les sociétés concurrentes font la même chose, le cercle est sans fin.
Depuis 30 ans, j'ai aussi assisté à l'érosion lente mais continue du pouvoir d'achat des salariés conservés. Ainsi, chose toute récente, les organisations caritatives voient de plus en plus de CDI venir solliciter l'aide alimentaire!
"Les bénéfices de l'entreprise devraient être partagés en trois parts égales entre les actionnaires, les salariés et l'investissement." C'était le voeu de notre président en février 2009.
L'illustration de ce billet montre que nous en sommes bien éloignés. Comme dirait Coluche, tu aurais vu la g... des tiers!
La voracité des actionnaires ne laisse plus que des miettes "sociales" aux salariés, et il faut voir ce qui reste à l'entreprise ! Assurer la pérennité des sociétés n'est pas le but principal de l'actionnariat actif. Acheter, pressurer, revendre. La finance n'a cure de la réalité des femmes et des hommes qui n'ont que leur travail pour "s'investir" dans une entreprise.
On peut vraiment se poser des questions sur ce nouvel ordre économique et financier, inventé, mais plus du tout maîtrisé, par l'espèce humaine. Il est devenu une immense machine à broyer les individus.
Définitivement, l'économique passe avant le social. Le mot social lui-même est devenu péjoratif. Faire du social, etc...
En gros, les employés sont devenus une variable bien pratique du compte d'exploitation d'une société. Qu'ils soient exclus, poussés à la porte (ou même jamais engagés comme nombre de jeunes inutiles) ou qu'ils soient encore employés, mais avec un pouvoir d'achat sans cesse rogné.
Mais qui est capable de changer çà? De compenser l'avidité des puissants, leur désir de jouissance, leur besoin irrépressible d'avoir toujours plus?
La France, et même l'Europe, ont-elles la possibilité d'arrêter cette machine infernale?
Le modèle de société qui mette l'homme en son centre est encore à inventer.