La Terre est une parenthèse dans la vie de
l’Univers, quelques milliards d’années, et pschitt, vaporisée.
L’Homme est une parenthèse dans la vie de la
Terre, quelques dizaines de milliers d’années, et pschitt, oublié.
Notre parenthèse va bientôt se refermer, encore
quelques centaines d’années au grand maximum : l’accroissement de la
population humaine est un phénomène exponentiel, et aucun phénomène exponentiel
ne dure bien longtemps dans la nature …
De toute façon, au-delà de notre nombre,
d’autres prémices s’offrent à nos yeux, encore plus inquiétants.
Voici 2500 ans, les grecs imaginaient que la
terre était une sphère, tout simplement parce que c’était pour eux l’objet
géométrique parfait. Aujourd’hui, un américain moyen construit une fusée pour
prouver que la terre est plate.
Voici 2000 ans, l’Empire romain, conquérant de
nouvelles contrées, intégrait les dieux des peuples vaincus dans son panthéon
mobile. Pratique ! Ainsi, de l’esclave à l’empereur, chacun adorait
tranquillement ses dieux préférés. Aujourd’hui, on tue son voisin s’il n’a pas
le même dieu, ou s’il n’a pas de dieu du tout. (Les chrétiens ont été
martyrisés, non parce qu’ils adoraient leur dieu, mais parce qu’ils niaient
l’existence des autres dieux.)
A cette époque, le même Empire romain
appliquait le précepte « panem et circenses », du pain et des
jeux : les administrés vivaient en paix, l’estomac rempli et la tête
occupée par les distractions du cirque. C’est la même approche qui revient
aujourd’hui, la pizza remplace le pain, et la réalité virtuelle enferme chacun
dans une bulle étanche. Une réalité augmentée pour une vie rétrécie (merci
Sylvain Tesson).
Voici 3000 ans, l’homme avait développé
l’écriture, et son génie créait l’Iliade et l’Odyssée. Migrant malgré lui,
rejeté sur un rivage, Ulysse était accueilli, nourri, vêtu, sans même qu’on lui
demande son nom ou son origine. Aujourd’hui, 500 millions d’européens se
regardent en chiens de faïence pour savoir qui va recevoir 140 mineurs
cherchant à échapper à la haine et la famine sur une embarcation de fortune.
Faisons un effort, nous qui sommes locataires
de cette planète, essayons au moins de la rendre dans un état convenable pour
les locataires suivants (les robots ?), et pour ses usagers historiques,
les mondes minéral, végétal et animal.