vendredi 25 janvier 2019

Parenthèse


La Terre est une parenthèse dans la vie de l’Univers, quelques milliards d’années, et pschitt, vaporisée.

L’Homme est une parenthèse dans la vie de la Terre, quelques dizaines de milliers d’années, et pschitt, oublié.

Notre parenthèse va bientôt se refermer, encore quelques centaines d’années au grand maximum : l’accroissement de la population humaine est un phénomène exponentiel, et aucun phénomène exponentiel ne dure bien longtemps dans la nature …

De toute façon, au-delà de notre nombre, d’autres prémices s’offrent à nos yeux, encore plus inquiétants.

Voici 2500 ans, les grecs imaginaient que la terre était une sphère, tout simplement parce que c’était pour eux l’objet géométrique parfait. Aujourd’hui, un américain moyen construit une fusée pour prouver que la terre est plate.

Voici 2000 ans, l’Empire romain, conquérant de nouvelles contrées, intégrait les dieux des peuples vaincus dans son panthéon mobile. Pratique ! Ainsi, de l’esclave à l’empereur, chacun adorait tranquillement ses dieux préférés. Aujourd’hui, on tue son voisin s’il n’a pas le même dieu, ou s’il n’a pas de dieu du tout. (Les chrétiens ont été martyrisés, non parce qu’ils adoraient leur dieu, mais parce qu’ils niaient l’existence des autres dieux.)

A cette époque, le même Empire romain appliquait le précepte « panem et circenses », du pain et des jeux : les administrés vivaient en paix, l’estomac rempli et la tête occupée par les distractions du cirque. C’est la même approche qui revient aujourd’hui, la pizza remplace le pain, et la réalité virtuelle enferme chacun dans une bulle étanche. Une réalité augmentée pour une vie rétrécie (merci Sylvain Tesson).

Voici 3000 ans, l’homme avait développé l’écriture, et son génie créait l’Iliade et l’Odyssée. Migrant malgré lui, rejeté sur un rivage, Ulysse était accueilli, nourri, vêtu, sans même qu’on lui demande son nom ou son origine. Aujourd’hui, 500 millions d’européens se regardent en chiens de faïence pour savoir qui va recevoir 140 mineurs cherchant à échapper à la haine et la famine sur une embarcation de fortune. 

Faisons un effort, nous qui sommes locataires de cette planète, essayons au moins de la rendre dans un état convenable pour les locataires suivants (les robots ?), et pour ses usagers historiques, les mondes minéral, végétal et animal.

jeudi 24 janvier 2019

Chronique de la malchance ordinaire


Mais pourquoi ai-je toujours le chic pour choisir la caisse Auchan avec un stagiaire méticuleux?
Pourquoi l’automobiliste devant moi met-il son clignotant à gauche et reste bloqué juste quand le feu passe au vert ?
Pourquoi, quand je me gare en urgence, le « P » que j’avais pris pour « Parking » est-il en fait celui de « Police » ?
Pourquoi l’assiette de spaghettis à la bolognaise de mon voisin (je n’en prends jamais) se transforme-t-elle en base de lance-gouttelettes  ?
Pourquoi pleut-il quand j’ai oublié mon parapluie ?
Pourquoi est-ce toujours après plusieurs heures de travail sur un fichier que je le quitte sans le sauvegarder ?
Pourquoi mon train est-il toujours le dernier affiché, juste quelques minutes avant le départ ?
Pourquoi ma carte de paiement attend-elle le passage au péage d’autoroute pour glisser dans la doublure, tout en bas de la veste ?
Pourquoi mon jean un peu trop serré rétrécit-il au lavage, alors que mon pull un peu trop grand s’allonge ?
Pourquoi, à la boulangerie, la personne devant moi prend-elle la dernière baguette tradition, celle qui est sur la liste que je froisse dans ma main ?
Pourquoi, de manière générale, suis-je toujours derrière quelqu’un qui fait obstacle à mon bien-être (trop lent, trop stressé, trop mou, trop …) ? 

Je ne suis peut-être pas le seul à avoir ce lourd sentiment d’injustice au quotidien, mais au moins, moi, je sais pourquoi je dois payer chaque jour mon écot d’infortune.
C’est qu’une fois dans ma vie, j’ai eu beaucoup, beaucoup de chance. Et depuis, la balance est toujours bloquée sur le positif.

Eh oui, j’ai eu le bonheur de rencontrer très jeune ma future femme.