lundi 26 mars 2018

QI & IT


Régulièrement, la réalité rattrape voire dépasse la fiction, et même la science-fiction.
Par exemple, le Big Brother inquisiteur de 1984 n’est qu’une pâle anticipation d’Internet. A noter en passant l’amusante et merveilleuse différence : l’écran de surveillance de Big Brother était imposé dans chaque appartement par le pouvoir totalitaire, alors qu’aujourd’hui, c’est volontairement que nous émettons à chaque seconde de centaines d’informations à notre sujet, par les réseaux sociaux, Google, Amazon, Waze,…!
Autre exemple, une montre connectée donne accès en quelques secondes à des bases de données qui vont bien au-delà de ce que Hal, l’ordinateur de 2001 l’odyssée de l’espace pouvait connaître...
Et enfin, depuis Deep Blue, un gros ordinateur peut battre n’importe quel champion du monde d’échecs ou de go. 
Bon, où veut-il en venir, vous demandez-vous finement ? 
En fait, je veux mettre en perspective deux tendances qui sont certainement inéluctables, la diminution du QI de l’espèce humaine, et le remplacement par la technologie de très nombreuses tâches encore dévolues à l'homme.
Diminution du QI d’abord. La principale raison suspectée par les experts est la prolifération des perturbateurs endocriniens. Soit. On peut aussi imaginer que, comme un muscle, le cerveau nécessite des stimulations régulières pour se développer, et surtout créer son réseau synaptique. Pour le cerveau comme pour LinkedIn, ce n’est pas ce que sait un neurone qui compte, mais le nombre de connexions qu'il a créées avec les autres neurones. L’intelligence passe par les mises en relation, les mises en perspective, et les associations d’idées.
Mais à quoi sert de développer son cerveau alors que le monde a tout organisé pour que ce soit inutile ?!
D’une part, dans la vie moderne, tout est normalisé, réglementé. Pas un domaine qui échappe à un code post-napoléonien, à un standard ou à une norme. De la taille des baleines de parapluie à l’accessibilité des lavabos, de l’attribution du label architecture contemporaine à la sécurité des toboggans aquatiques, tout est disséqué, pré-formaté pré-digéré.
D’autre part, nous avons accès à n'importe quelle information en quelques clics. Cela fait belle lurette qu’il est devenu impossible de briller en société en annonçant par exemple que la Nouvelle-Guinée a une surface plus importante que Bornéo ! Aussitôt 20 doigts agiles extirpent et exhibent une information digitale à l’hectare près !
Donc, le QI descend, mais ce n’est pas si grave.
En parallèle, l’IT augmente. L’intelligence artificielle. La capacité à remplacer et améliorer la réalisation des tâches humaines par les dernières découvertes technologiques, ordinateur quantique, réseau de neurones artificiels, apprentissage profond,… . Je n’ai pas besoin de chercher loin pour trouver un exemple : je sais pertinemment que mon successeur pourrait très bien être une application issue de ces dernières découvertes : toujours disponible, de plus en plus performante, etc.... N’ayons pas de fausse pudeur, la très grande majorité de nos travaux pourrait ainsi être avantageusement réalisée par des robots. Il faut s’y faire.
Au fait, le mot à la mode, c’est cobot, robot collaboratif. Le robot qui travaille avec l’humain. Tu parles d’une blague : l’humain va vite devenir un boulet ! Je pense que ce mot, cobot, est une invention des robots, c’est la preuve qu’ils commencent à envahir nos sphères humaines, et ne veulent pas nous faire peur. Avançant masqués, dans l’ombre, ils nous évincent lentement de nos jobs. Et finalement, qui s’en plaindra? Quel que soit le temps que cela prendra, nous serons consentants!
Alors, que nous reste-t-il ? Si un homme se définit par son travail, et qu’il n'en a plus, comment se reconstruire ? La paresse est-elle l’avenir de l’homme ?
Non, il reste un espoir. Et le passé peut nous aider. Surprenant, non ? J’en ai déjà parlé, les citoyens grecs avaient de nombreux esclaves, les citoyens romains en avaient des centaines. A cette époque, les médecins, les précepteurs (non, pas les impôts, les enseignants), les comptables étaient souvent des esclaves. Et ne parlons pas des travaux ruraux et domestiques.
Quelles étaient donc les occupations de ces classes privilégiées? La guerre, pas bon. La chasse, pas bon. La politique, franchement, essayons les robots. La justice, même chose. La religion ... même chose ! Qu’est-ce qui reste, alors ? L’art, l’art, l’art. L 'art qui a commencé sur les parois des grottes paléolithiques, et continue maintenant de mille façons de nous surprendre et de nous émouvoir. Fi du QI, place au QA, le Quotient Artistique. L’émotion artistique est encore ce qui distinguera l’humanité pendant des décennies, jusqu’à ce que