Les paroles d'Indochine me plongent parfois dans une grande perplexité, mais il faut reconnaître qu'elle collent parfaitement à leur temps et à leur public.
Ce leitmotiv en particulier, scandé comme un manifeste, me plaît infiniment.
On est loin des hindouisteries des Beatles, entourant leur gourou en robe orange et psalmodiant Hare Krishna après Halleluyah.
Pour répondre à la question "Comment être heureux dans la vie?", il vaut mieux être éternel adolescent que croyant ou philosophe.
La réponse des religions, c'est toujours le renoncement aux plaisirs, pendant le "passage" sur cette terre, pour s'assurer le bonheur éternel dans l'au-delà.
La réponse des philosophes est très proche, si ce n'est que l'au-delà est optionnel. "Le plaisir véritable est le mépris des plaisirs"dit Sénèque, etc...
Ah, on se demande si c'est vraiment la peine de passer trente années en ermite, d'errer toute une vie dans les déserts de la méditation pour en arriver à ces préceptes: "Pour ne pas souffrir dans ce monde, il ne faut rien vouloir, ne rien désirer, de peur de s'attacher, de devenir l'esclave de ses sens et de ses sentiments".
La politique des 3 singes. Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. Alors c'est sûr, on ne risque pas grand chose. Ni dans un sens, ni dans l'autre. On traverse sa vie engoncé dans son corps, spectateur indifférent bien calé dans ses rails.
Mais je ne suis pas d'accord, je revendique le droit de tout voir, de tout écouter, de tout dire, de désirer, d'avoir envie, de me saturer d'émotions. Avec le risque de souffrir, oui, d'avoir des regrets, des remords, des vides à pleurer, des failles jamais cicatrisées. Mais, sinon, quoi? L'eau tiède à volonté? Je préfère me brûler, puis hurler dans l'eau glacée. Vivre encore plus fort, se prendre de grandes claques, se trouver même brisé, mais avec la fierté d'avoir tout essayé, d'avoir emprunté des voies inexplorées, d'avoir réussi parfois. Même l'échec et la déchéance sont mille fois plus respectables que la mesure, la froideur et, pire que tout, le mépris de la vie dans ce monde, avec ses odeurs et ses puanteurs, ses extravagances et ses injustices, ses Mozart et ses Milosevic.
C'est maintenant ou jamais. le passé n'existe plus, l'avenir n'existe pas. Les dieux n'ont rien à voir avec nous, s'ils existent, et la mort ne nous regarde pas, puisque, quand elle est là, nous n'y sommes plus.
Non, nous sommes seuls dans notre chemise, avec notre existence. Ici et maintenant. Ni humbles, ni orgueilleux. C'est notre dignité.
Si le hasard nous a placés sur cette petite planète, sans Eden et sans Enfer, il est temps de songer à vivre à fond, sous haute tension.
Quand nous nous endormirons pour l'éternité, il sera bien temps de se reposer.
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