L'été dernier, j'ai eu la chance de naviguer sur un voilier pendant trois semaines. Cabotage le long de la côte sud de l'Angleterre, Cornouailles et Devon.
Ne nous méprenons pas sur le mot "sud". Fortement évocateur, il devient, comme souvent chez nos voisins d'outre-channel, un vrai faux-ami.
C'est ce que m'a confirmé mon médecin en me prescrivant récemment des doses de vitamine D.
Alors pourquoi la chance?
Parce que, au-delà d'une belle histoire d'amitié, quelques heures de navigation depuis la riante Bretagne nous font basculer dans un monde totalement différent de celui auquel l'esprit français nous a habitués.
Le premier choc, en découvrant la terre anglaise (une fois la brume levée), c'est l'accueil. Le "harbour master", impeccablement sanglé dans son costume avec cravate et casquette, tourne fièrement autour de notre voilier, et nous parle en français.
Nous sommes dirigés vers un espace libre à quai, et la découverte continue une fois les amarres tournées. Tous les havres, tous les ports, toutes les rivières remontées vont conforter notre première impression : nous sommes dans une communauté de la mer. Rivière de Fowey par exemple: des mastards torse nu se font hurler dessus pour tirer encore et encore sur des rames rétives, dans l'espoir fou de vaincre l'équipe du port voisin.. Des toutes jeunes blondinettes pas frileuses font des ronds dans l'eau en Optimist autour des chaînes ancrant un bâtiment de guerre de sa gracieuse Majesté. Les yachts les plus luxueux côtoient les gloutes les plus misérables, et leurs propriétaires respectifs se saluent avec le même flegme. Pas de vols sur les marinas ouvertes à tous, et d'excellents plats tout préparés sont le repos et le régal du marin.
On se sent bien, avec un petit pull. On a l'impression que ces sud-anglais font partie d'une communauté. Quelle que soit leur vie, leurs origines, leur trajectoire, on sent qu'ils ont été élevés sur un socle commun.
Opinion toute personnelle, certainement balayée par le premier érudit venu: la culture anglaise est une culture de marins, îlienne de surcroît. Le sentiment d'appartenance est fort, comme sur un voilier la notion d'équipage.
En comparaison, la culture française s'est nourrie aux mamelles du labourage et du pâturage. Et le sentiment paysan n'a jamais été très communautaire. Le mot "partageux" a même été choisi comme insulte.
J'ai bien peur que l'on me taxe de francophobie forcenée à lire ces lignes. Loin de moi pareille pensée, précisé-je derechef. Mais il faut bien reconnaître que nous avons toujours du mal à regarder au-delà de nos frontières pour voir si, par hasard, des étrangers auraient pu trouver des réponses meilleures ou au moins différentes à des questions communes....Bien improbable, me direz-vous, alors que nous avons l'ENA et le concours Lépine... Je suis bien d'accord avec vous. J'aurais juste envie de donner un peu à penser à ces dirigeants sûrs d'eux-mêmes et de l'infaillibilité de leurs choix....
Mais j'ai bien peur que l'idée qui émerge soit de transformer la France en île ou de faire un grand mur tout autour... pas une bonne idée!
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