mardi 21 septembre 2021

Carton rouge pour planète verte

 

Hadès fit peser sur l'assemblée son regard rouge feu cerné d'anthracite.
- Ô mes féaux infernaux, je rappelle que notre objectif commun et prioritaire est la réduction drastique du nombre d'humains, pour éviter la destruction complète de la planète. J'attends de bonnes nouvelles de votre part. Zeus notre roi ne supportera plus nos cafouillages récents, il veut des résultats immédiats. Aussi, entrons sans plus attendre dans le vif du sujet,  Perséphone, c'est à toi."   
- Merci, Ô Hadès. Pour mémoire, je gère la préparation des Enfers à la surpopulation qui suivra l'hécatombe humaine. Aujourd'hui, je tiens à vous rassurer, nous sommes prêts: la barque de Charon a été remplacée par une noria de radeaux mis au point par Méduse, et nos vastes champs d'asphodèles ont été organisés en camps d'accueil qui ne dépayseront pas de nombreux mortels."
- Bien, ma chère épouse". Hadès se tourna alors vers les Erynies. "Mais encore faut-il que des myriades d'humains périssables périssent ! Alors, où en êtes-vous?" Alecto se racla la gorge et prit la parole.
- La mission qui nous est dévolue, à mes soeurs et à moi-même, c'est la pandémie. Il faut reconnaître que nous avons failli en employant les recettes habituelles. La peste, la variole avaient longtemps donné des résultats merveilleux, même la grippe espagnole, et cette Covid19 bien vicieuse avait tout pour être un large succès planétaire! Mais c'était sans compter sur les connaissances médicales de ces mortels, et surtout sur leur capacité à se surpasser dès qu'un grand profit se profile." 
- On sait, on sait, mais il n'est plus temps pour les excuses ni les explications: quels résultats ?"
- Euh, médiocres, marginaux. On mise maintenant sur le variant Mu, mutant à la fois beaucoup plus contagieux et nettement plus dangereux. Il faut pour cela que le Delta circule encore, et nous utilisons désormais tous les outils à notre disposition pour y arriver: appels libertaires contre la dictature sur les réseaux sociaux, manifestations anti vaccin, ... Nous avons beaucoup appris."
Hadès poussa un long soupir, qui fit fondre le chandelier en bronze allumé devant lui. " Vous avez fort appris, j'en suis bien aise, mais je ne vous fais plus confiance, et c'est trop tard."
Minos, le juge des Enfers, prit alors la parole:
-  Ô Hadès qui vit sous terre, je vais te dire où nous en sommes grâce au concours de la Nature. Heureusement, l'attrait des mortels envers l'huile de pierre puante, ce qu'ils appellent le pétrole, reste au plus haut, et creuse leur tombe jour après jour.  A l'heure où je te parle, l'air et les eaux qui entourent la planète deviennent incontrôlables. Le char de Phoebus brûle des contrées entières sur son passage, affamant mortels et troupeaux. Le trident de Poséidon déclenche des tempêtes et des inondations ravageuses qui n'ont pas d'équivalent dans l'histoire. Le dieu des mers prépare des éruptions et des tsunamis avec l'aide de son neveu Héphaïstos, le forgeron des dieux, qui accumule et excite les immenses océans de lave souterraine." 
La réaction de Hadès ne se fit pas attendre.
- Nom de Zeus, Ô Minos, je crois que tu n'as rien compris ! A quoi nous servira donc une planète totalement dévastée? Ne vois-tu pas que le remède est pire que le mal ?" 
Suivit un long moment de silence souterrain où l'on n'entendit plus que le grondement lointain des Titans enchaînés au fin fond du Tartare obscur. Puis Hadès parla à nouveau.
- Soit, je crois qu'il va me falloir bientôt prévenir Zeus. Je ne vous cache pas que nous avons maintenant de grandes chances de repartir à zéro, toutes et tous. Il va nous falloir abandonner Vénus et recréer notre monde sur la Terre. En évitant de recommencer les mêmes erreurs. "

dimanche 31 janvier 2021

Voeux 2021


 Chers ami(e)s lectrices et lecteurs,

Même si l'usage de ce substantif (ami) est galvaudé et usé jusqu'à la corde, je pense l'employer ici à bon escient et dans son acceptation initiale, ami vient d'amare qui veut dire aimer....et qui a aussi donné amarrer, plutôt pour le mariage.
Bref (voeu pieux),
Il n'est que temps de me lancer dans une occupation que j'avais laissé prendre la poussière sur les étagères encombrées de mon inactivité: la présentation des voeux en début d'année.
Comme vague excuse de cette carence, je me suis caparaçonné de bonne conscience: voilà, j'étais anesthésié par la froidure et la dureté de l'ambiance générale, qui ne prêtait pas à rire, ni même à sourire.
Oui, mais franchement, c'est difficile de réfréner le frémissement qui agite le bout de mes doigts trop longtemps inactifs. 
Rebref (néologisme teinté d'oxymore),
Il semble que les voeux de cette année aient une résonance particulière, que le climat anxiogène nous pousse à nous serrer les coudes (e-serrer d'ailleurs). 
Tout d'abord, j'ai une pensée émue pour tous les autres virus, staphylocoques, streptocoques, salmonelles, etc... qui survivent péniblement, et n'ont trouvé refuge que chez les contempteurs du masque et du gel hydroalcoolique. Heureusement qu'il y a des Trump ou des Bolsonaro pour leur donner un petit coup de pouce. Que ces bestioles bien de chez nous retrouvent enfin toute leur place en 2021, usurpée par la toute-puissance du Corona. Quelle idée aussi de lui trouver un nom couronné, cela lui a forcément donné des idées "et j'ai Monique" (ah, attention au correcteur automatique). 
Ce qui me frappe aussi, c'est qu'en écoutant et regardant tous les reportages possibles, mon Dieu qu'elle devait être belle la vie d'"avant". Alors, j'émets le voeu de pouvoir à nouveau revivre rapidement avec vous cet âge d'or et regoûter aux fruits sucrés de ce merveilleux Eden dont nous sommes les heureux habitants et les vigilants jardiniers. 
Que les vraies valeurs humaines qui nous ont tant fait rêver reprennent enfin toute leur place: 
le devoir de croître et de se multiplier, 
la liberté de consommer sans entraves, d'épuiser sans contraintes, de tourister sans limites,
la liberté de rire de tout, sauf bien sûr des religions, des minorités sexuelles, etc,
le plaisir féminin (sans cesse renouvelé) d'embrasser tous ses collègues le matin (2, 3 ou 4 bises ?),
le droit de porter une arme, ben oui, pour se défendre contre ceux qui ont une arme, et contre ceux qui n'en ont pas,
le droit de penser que la terre est plate, ronde, et que le 18ème trou du golf de Trump en est le centre naturel,
l'égalité devant le réchauffement climatique et la biouniformité,
et puis la fraternité retrouvée en vociférant après plusieurs verres (ou non) dans les gradins d'un stade ou simplement derrière une bannière, n'importe quelle bannière.
Ah vivement avant, j'ai hâte.
E-bises à toutes et à tous.