dimanche 9 septembre 2012

Cornouaille


J'ai vu hier le film Cornouaille, avec Vanessa Paradis et Samuel Le Bihan.
Un beau film, très bien joué, où je n'ai pas forcément tout compris. Disons plutôt que ce film permet de comprendre un peu ce que l'on veut, et c'est bien ainsi.
Sacrifions une seconde à la page people: j'ai eu la chance d'apprécier Samuel Le Bihan cette année dans la pièce de théâtre "Hollywood". Il y est extraordinaire,et ses partenaires le sont à peine moins. On y rit, on y jubile,on a mal aux zygomates, on n'a pas honte de rire, ce n'est pas grossier, çà ne se moque de personne. Rien ne s'approche du théâtre dans ces moments de grâce. Bien sûr on reste spectateur, mais on se sent tellement vivant!
Cornouaille, donc. Attention, quand elle s'écrit avec un s au bout, c'est la pointe sud-est de l'Angleterre (Cornwall). Ici, c'est sans s, la pointe sud-est de la Bretagne, de Quimperlé à la pointe du Raz, en passant par Concarneau et Audierne.
Une parisienne part pour quelques jours en Bretagne vendre une propriété dont elle vient d'hériter. Un amour de maison perdue, coincée entre la lande déserte et l'océan à perte de vue, une plage de sable aux varechs ondulés à ses pieds. Même pas en rêve! On peut imaginer ce qui va se passer, même si ce n'est pas tout simple. On voit donc la maison pendant tout le film, en long et en large, au lever, au coucher du soleil....On y hume les odeurs exquises de bois que l'on brasse, de far au four et de bar au barbecue.
Eh bien, bizarrement, ce n'est pas cette maison ni le paysage qui m'ont ému. Pour moi, et sans que je puisse d'abord me l'expliquer, le plus beau moment du film, c'est une baignade toute simple, impromptue, dans les vagues de l'océan. On les voit tous les deux habillés, avec juste le bas de pantalon remonté, comme pour tâter l'eau. Mais les vagues sont mutines et le courant taquin. Les vêtements et les cheveux bientôt trempés, Odile et Loïck s'en donnent à coeur joie et sautent comme des enfants toujours émerveillés. J'ai ressenti au plus profond de moi ces vagues et ce contact direct avec l'eau, et je me suis dit que finalement, c'était bien ce contact avec la mer qui comptait et pas la maison derrière.
Et dire qu'avoir une petite maison avec vue sur la mer est un de nos rêves familiaux, notre serpent des mers chaudes (même tièdes), notre leitmotiv estival. Oui, ce n'est pas très original, je le reconnais, mais après tout, comment résister à nos pulsions animales? Nous sommes constitués en majorité d'eau salée, et nos lointains ancêtres avaient des nageoires... Alors ! Sur tous les rivages, dans toutes les criques, au bord de toutes les plages, chacun de nos séjours de vacances se conclut par une promesse, très sérieuse et très argumentée, de revenir et d'y devenir propriétaire. A ce rythme, nous devrions déjà avoir une vingtaine de homes sweet homes, répartis sur toute la côte française, DOM TOM y compris.
Mais Cornouaille m'a ouvert les yeux. Quand on y regarde bien, l'important, c'est l'eau, pas la pierre. Les splashs dans les vagues, pas les volets à repeindre. Les galets plats et ronds pour se sécher au soleil, pas le fioul à commander pour la chaudière. Et puis, imaginer les volets clos dix mois sur douze, c'est presque une offense, une insulte à ceux qui n'ont pas de toit... Alors, avoir deux maisons, c'est en avoir une de trop.
Et puis, pourrons-nous revenir toujours au même endroit, fût-il paradisiaque? Impossible, sans édulcorer les sensations, sans dévoyer le plaisir. Eh oui, la routine au paradis, c'est quand même la routine. Plus de découverte, plus de nouveauté, je sens déjà la rouille qui s'installe.
Bon, je ne sais pas si mon épouse sera convaincue.

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