
A part en restant calfeutré chez moi, sans télé, sans radio, sans ondes, je ne peux pas passer une journée sans côtoyer des fanatiques de la "belle mécanique".
J'entends par là celles et ceux pour qui les automobiles et les motos sont beaucoup plus qu'un simple moyen de transport d'un point A à un point B.
Je n'ai hélas aucun profil type, aucune description commune du serial-vroomer qui me permettrait de le ou la repérer...Non, aucun morphotype annonciateur, je dirais même plus, danger: ils se reproduisent sous couvert d'anonymat.
Il m'arrive ainsi de découvrir que des relations jusque-là irréprochables s'avèrent des furieux du V6 ou des adorateurs du bruit breveté d'une Harley Davidson. Bien sûr, on a eu droit à la vibration de cette machine à deux roues qui vrombissait entre les cuisses de Brigitte Bardot, on a aussi rêvé d'être "Born to be wild" et de prendre la route avec Peter Fonda dans "Easy Rider".
Mais combien de millions de litres d'essence et de gas-oil sont-ils partis depuis en particules, monoxyde d'azote, dioxyde de carbone, pour enfumer nos matins clairs et nos poumons un peu moins clairs? Déjà beaucoup moins glamour.
J'aurais tendance à être plutôt compréhensif avec ceux qui passer des heures, des jours - que dis-je des jours, leur vie entière! - à démonter, monter, remonter, améliorer, optimiser tout ce qui a des roues et un moteur, même la tondeuse à gazon... Certains vont jusqu'à acheter une auto ou moto à l'état d'épave pour la faire renaître flambant neuve, tel le phoenix moderne surgissant de ses cendres carbonées. D'ailleurs, cette catégorie est peu dangereuse, pour les autres comme pour l'environnement, car elle n'utilise pratiquement pas le fruit de son labeur. Ou alors pendant quelques kilomètres, pour évaluer l'évolution d'un bruit ou de l'accélération par rapport à l'essai précédent, et puis, très vite, en tendant l'oreille, on perçoit, oui, oui, un tout petit cliquetis: "C'est insupportable, il faut absolument que je repasse quelques centaines d'heures sur la bête pour le supprimer!" Tout cela m'est sympathique, même si nous avons peu de sujets de conversation en commun.
Non, le vrai danger vient des utilisateurs prosélytes. Il suffit de constater autour de soi la profusion de grosses cylindrées, X(chiffre entre 1 et 7), Q(pareil), Range, Land Discover ou Cruiser, Quash machin, Patrock & roll, etc... à croire qu'il font des petits entre eux, ce que doit vouloir dire "cross over" d'ailleurs.
Statistiquement, je suis donc convié de temps en temps à emprunter ces machines oxyphages. Ma religion ne m'interdit pas de prendre place sur les cuirs rouges ou crème de ces engins noir ébène, noir anthracite ou gris requin, (en tout cas rarement vert pomme ou rose lilas). Je m'accroche alors à la poignée latérale, geste parfaitement inutile, comme celui de baisser la tête dans son petit habitacle en rentrant dans un tunnel bas de plafond.
Statistiquement, je suis donc convié de temps en temps à emprunter ces machines oxyphages. Ma religion ne m'interdit pas de prendre place sur les cuirs rouges ou crème de ces engins noir ébène, noir anthracite ou gris requin, (en tout cas rarement vert pomme ou rose lilas). Je m'accroche alors à la poignée latérale, geste parfaitement inutile, comme celui de baisser la tête dans son petit habitacle en rentrant dans un tunnel bas de plafond.
Je n'ai pas de jeu vidéo de course auto avec volant vibreur et haut-parleur hurleur: inutile! Je ne dois pas m'évanouir, c'est tout. Et pas besoin de lancer un bête "plus vite chauffeur", celui-ci se chauffe tout seul en général. Raison de plus si une personne du sexe faible fait partie du voyage. Le fin du fin, ce qui finit de me terrasser, c'est lorsque le V6 termine ses derniers tours et que la (toujours charmante) jeune femme sort du monstre en veille en s'exclamant d'un air connaisseur: "Ça, c'est de la bagnole!". Je ne sais pas s'il s'agit de la continuité du mouvement féministe, celui qui tend à supprimer toute frontière sexiste, ou au contraire la résurgence d'une attitude quasi reptilienne, la reconnaissance tribale de la supériorité de l'Homme, le vrai, celui dont le pied appuie sur l'accélérateur bien huilé de la bête à injection programmée. Peux pas savoir.
Alors, bien sûr, moi aussi, j'ai des envies de vent dans mes cheveux fous, d'odeur de mustang aux naseaux frémissants, bondissant follement pour rattraper au galop le soleil couchant à travers la prairie rougeoyante. Bon, du calme. Moi, je Twingo et puis voilà.
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