Le jour de ma naissance, mon frère aîné de 5 ans m' a apporté un journal de Mickey.
La plus belle des fées n'aurait pas pu mieux faire!
Abonné à Mickey, Spirou, Tintin, puis Pilote, j'ai ainsi appris à lire (entre autres) dans les phylactères.
Et appris aussi à vénérer toutes les séries de ces années créatrices de mythes : je suis toujours amoureux de Laureline et une houppette blonde pousse sur mon front dès que je voyage.
Depuis, de nombreux albums ont brillé aux devantures des librairies, XIII, Quête de l'Oiseau du Temps, Incal, Lanfeust, Triangle Secret, Black Sad, et bien d'autres séries. Je ris encore aux éclats grâce à Kid Paddle.
Mais je suis tombé raide d'émerveillement devant "De Capes et de Crocs," je remercie encore le libraire de la rue de la Paroisse qui m'avait conseillé. Un bien beau métier, libraire.
Comme Astérix, où je découvre encore de nouvelles perles après tant et tant d'années de lectures assidues, "De Cape et de Crocs" peut se lire et relire à loisir. Toujours on y trouvera , oh pas grand chose, un petit détail qui avait échappé, un ingrédient dont le fumet s'était perdu à la lecture rapide de l'histoire. C'est qu'il faut déguster ces albums. Pas possible de les aborder en vitesse assis en tailleur ou sur les marches à la Fnac.
Se dire d'abord que "De Cape et de Crocs" est un tout, le résultat d'une splendide connivence entre Alain Ayroles pour le scénario et Jean-Luc Masbou pour le dessin et la couleur.
L'histoire se passe au temps des mousquetaires: billets doux, robes à volants, envolées lyriques et bravoure à la pointe de l'épée.
Qualité des dialogues, poésie des vers rimés, finesse de l'humour, pétillance des références culturelles, chaque texte se lit et se relit pour la richesse de la langue, pour le plaisir des idées.
Beauté de vrais tableaux! Ici, pas de ligne claire, pas d'esthétisme réducteur. Il faut d'abord une première vue d'ensemble, pour admirer la fréquente hardiesse du choix des perspectives, la tonalité générale des couleurs. Le traitement en rouge et blanc de la bataille des Thyropyles est par exemple une vraie splendeur.
Puis il faut se rapprocher et apprécier le choix et le velouté des couleurs, le traitement des ombres. Un régal. Il faut enfin se coller à l'album pour y déceler tous les détails que l'imagination des auteurs y fait fourmiller. Pour une fois, j'ai de la chance d'être myope. Lunettes ôtées, oeil au ras des images, j'erre sur les vignettes, je me perds volontiers dans les détails. Je découvre les chats noctambules, le chapeau de l'espion, la mimique de Lope imitant Armand, etc...C'est sans fin, un vrai bonheur.
Décidément, la lecture de cette histoire est un moment rare, dont je ressors détendu et, comment dire, décrassé, l'esprit et le regard satisfaits et repus.
Haut les coeurs, telle la devise de Don Lope de Villalobos y : "Carne y Sangre !"
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