J'ai eu la chance de passer quelques semaines au pays du sourire, la Thaïlande, et effectivement, on ne peut qu'être tenté par cette approche de la vie, quand on voit la gentillesse de ces peuples d'Asie qui vivent souvent avec cent fois moins que nous. Nulle trace d'agressivité, de ressentiment. On se sent en paix, paix avec les autres, paix avec soi-même.
De fait, le bouddhisme qui est la toile de fond de cette civilisation attire de plus en plus d'occidentaux, qui y trouvent volontiers le contre-pied exotique à la vanité de leur mode de vie.
De plus, il est de bon ton de dire que ce n'est pas vraiment une religion, plutôt une philosophie.
Catholique par éducation, athée par conviction, je ne suis même pas agnostique. Je ne crois pas que je rencontrerai un jour "la" religion qui me convienne, que j'aurai alors "la" révélation, comme Paul Claudel derrière une colonne de Notre-Dame de Paris. Mais je me suis intéressé au bouddhisme, ne serait-ce que pour le plaisir d'apprendre.
Et j'ai eu la confirmation de mes craintes. Une philosophie? Bien sûr que non. Une religion pure et dure, oui. Voyons plus avant:
"Tous les événements sont du domaine de l'éphémère : la seule vérité permanente est la souffrance qui naît des frustrations causées par les désirs et les passions.
Il faut donc renoncer à tout désir et trouver les chemins conduisant à la renonciation.
L'homme est responsable de son destin, à condition de se forger une discipline personnelle basée sur la connaissance de soi, la méditation et l'obéissance aux préceptes bouddhistes..."
Eh bien, on est parti pour bien rigoler.
Décidément, de Platon à Jésus-Christ en passant par Bouddha, notre vie sur terre n'est qu'une vallée de larmes, un passage honteux dans un environnement forcément imparfait, grossier. "Excusez-moi de naître. Sans avoir rien fait encore, je sais que je suis déjà couvert de péchés! Mais ne vous en faites pas, je vais passer ma vie à me flageller, à résister aux immondes pulsions qui me poussent du côté du mal, à renoncer à tous les plaisirs possibles, pour me consacrer à une vie meilleure dans l'au-delà". Certains aiment leurs chaînes, mais moi, j'ai envie de zapper tout de suite!
Quelle différence entre le bouddhisme et le christianisme? Eh bien, simplifions. Pour les catholiques, Saint Pierre attend le postulant à la porte du ciel, pèse le pour et le contre, comme le Minos des Enfers grecs, et envoie au Paradis, disons, si l'on a au-dessus de 12 sur 20, ou en Enfer en-dessous de 8, et dans un espace intermédiaire, le purgatoire, quand on a entre 8 et 12... C'est clair, c'est la même règle pour tous. Le Saint-Pierre du bouddhisme (quel que soit son nom, il en faut bien un qui décide!), lui, il est plus exigeant, mais il autorise le redoublement. "Tu n'as pas 18, pas de Nirvana. Mais tu as le droit de retenter ta chance: retour sur terre." Par contre on n'a pas le choix du programme. Fourmi ou chacal, intouchable ou rockstar, DSK ou SDF, c'est la roue du Samsara qui tourne pour nous. C'est vrai que cela peut soulager de regarder un président de la république et de se dire que dans sa prochaine vie il a de grandes chances d'avoir plutôt un Solex qu'une Rolex. Mais franchement, c'est une règle du jeu encore plus compliquée. J'ai déjà du mal avec un seul passage sur terre, alors non merci pour le coup de la roue du destin, de l'éternel retour... Je ne supporte pas l'idée que l'on s'occupe de moi une fois, alors repasser régulièrement devant le même jury, pour se faire recaler parce que l'on a regardé une jolie fille, merci bien.
Bref, j'ai arrêté là mes investigations.
Mais alors, pourquoi une telle impression de paix dans ces pays où la peau est bronzée et les yeux sans paupières?
Parce que sont les hommes qui créent et vivent leur religion, pas l'inverse.
Quand on a envie de zigouiller, comme dit Alain Souchon, on trouve toujours une religion pour sanctifier ses crimes, et sinon, on la crée.
On ne pourra jamais faire l'expérience, mais je pense que même érigé en Religion d'Etat dans les pays occidentaux et moyen-orientaux, le bouddhisme ne changerait rien à l'affaire.
On est peut-être le premier pays du fromage, mais on a du boulot pour être le "second" pays du sourire.
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