dimanche 21 avril 2013

Le beau geste

Je suis à la recherche du beau geste.
J'ai toujours admiré la classe naturelle, par exemple celle de Katherine Hepburn avec son fume-cigarette, ou celle d'Errol Flynn, descendant de son yacht à Monaco en 1950.
Mais hélas, j'ai toujours su que j'étais un empoté.
        Quand je suis devant la porte de mon immeuble avec tous mes sacs de course alimentaire à la main, en bandoulière, etc...je les pose près de l'entrée pour trouver la fichue clé qui va enfin me permettre d'entrer. Pendant que je me contorsionne, un des sacs s'amuse toujours à verser son contenu sur le carrelage, mêlant joyeusement poireaux, yaourts et cuisses de poulet... Classe!
        Quand par chance je suis assis dans le bus ou le métro, et qu'un élan moral insoupçonné me pousse à proposer ma place à une personne plus âgée, ou à une future maman, je suis la plupart du temps stoppé net dans mon bel élan, par un "merci, je descends à la prochaine", et je retombe maladroitement sur mon strapontin qui s'était vicieusement refermé dans l'intervalle. Classe!
        Quand le destin, de mauvais poil,s'abat avec rage sur ma pauvre tête, et que, hélas, je me retrouve à faire des courses à Parly 2 le samedi, les paquets d'indispensables achats s'accumulent rapidement dans une de mes mains, alors que mes vêtements toujours trop lourds s'amoncèlent dans l'autre. J'oublie à chaque fois combien il y fait chaud!. C'est toujours le moment choisi par ma carte bancaire mutine pour disparaître dans une poche insoupçonnée. Ainsi, devant l'oeil aimable et accueillant de la caissière du grand magasin, j'étale mon fardeau où je peux, et je deviens mon propre kleptomane fouillant l'un après l'autre les recoins de toutes mes pelures. Le tout dans une atmosphère très gaie, rehaussée par les encouragements enjoués de mon épouse. Classe!
        Quand, par esprit de contradiction, je décide que c'est mondayware, quand je ne me rase pas le matin (ça ne se voit pas beaucoup),quand je ne mets pas de cravate,quand je choisis ma tenue plutôt chez Dockers fatigué que chez Hugo Boss amidonné, alors je suis sûr de passer une minute dans l'ascenseur en tête à tête super cool avec le chef du chef de mon chef en visite exceptionnelle. Classe!
        Quand je veux jeter discrètement un petit sac poubelle en ville, je ne trouve jamais le récipient adéquat et j'erre des heures mon trophée à la main. 

        Quand, au déjeuner, je pose ma veste sur le dossier de la chaise et ma serviette sur les genoux, une âme charitable les ramasse bientôt et me les tend  avec un petit sourire.
        Quand un taxi me dépose en urgence, c'est toujours près d'une flaque d'eau boueuse,
        Quand une roulette est détériorée dans la soute à bagages, c'est à ma valise qu'elle appartient.
        Quand......J'arrête, vous avez compris mon triste sort, ma sombre malédiction, ma lourde croix.        
         Je n'ai même pas l'excuse de la génétique, mes parents et mes enfants ont échappé à ce travers fâcheux, me laissant seul face à mon tourment.
Etre averti du problème, c'est normalement avoir fait la moitié du chemin vers la solution! Mais non, je vaux deux empotés, c'est tout.
Voilà, je termine cette tragique confession par un conseil pratique: n'ayez pas peur, ce n'est pas contagieux; mais pour votre tranquillité, restez à plus de deux mètres, c'est mon rayon d'actions moyen, je ne réponds de rien en-deçà.

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