mardi 25 avril 2017

A qui le prochain tour?



Ouf, le premier tour est passé. Plus qu’un.
Mais pourquoi suis-je autant concerné ? Peut-être parce que j’ai l’impression de participer à une série télévisée, où j’envoie 1 par SMS pour Emmanuel, ou 2 pour Marine? Quoi qu’il en soit, les acteurs de la saison précédente ont dû faire chuter l’audience, on n’en garde pas un seul !
Bref, je suis ravi d’en avoir fini avec la première vague, et notamment la BBVC, cette belle brochette de vieux croûtons rabougris, europhobes et peau-de chagrin qui donnait l’impression que les nouvelles idées devaient éclore dans les maisons de retraite. Ravi aussi de voir que les vieux partis sont partis, au moins de l’Elysée, à voir pour les législatives. Mais chaque chose en son temps.
Un petit retour en arrière, j’ai voté utile. Pas de quoi pavoiser, je ne suis pas fier, mais je le referais le cas échéant. Je tremblais de voir en face de l’extrême-droite un challenger pour qui j’aurais été obligé de voter : un beau parleur à la politique eurocide et aux remèdes économiques pires que le mal ou un pur produit de la droite propre sur elle, pire que le tombeau des pharisiens : le pourri de l’intérieur se voit aussi à l’extérieur, c’est-à-dire ici dès le costume.
Au moins, ce dernier a-t-il sans ambiguïté appelé à voter Macron, contrairement aux atermoiements attristants du hâbleur harangueur des meetings, incapable de prendre une décision quand la gravité du moment l’exige ! Et dire que je le trouvais sympathique. En fait, ne jamais regarder d’émissions sur le quotidien des hommes et des femmes politiques, c’est inutile et dangereux, souvent trompeur. Seuls les actes comptent. Ou le manque d’acte. Là, on est gâté.
J’ai un regret pour l’élan donné au début de la campagne, et qui a fait flop, pschitt, blizzz. Le revenu universel méritait mieux que ce qu’il est devenu, un RSA plus. C’est une merveilleuse idée, la seule qui ait vraiment tranché dans le débat, résolument tournée vers l’avenir, mais certainement trop tôt énoncée, et mal portée, un projet trop novateur, trop grand pour des épaules fragiles coincées entre France Insoumise et En marche. Mais, « mark my words » comme on dit outre-Manche, cette idée reviendra en force quand son temps sera venue.
 
Revenons au présent. J’ai dû mettre ma lepenophobie à rude épreuve, moi qui zappais jusqu’à présent à la première syllabe entendue à la radio, à la première mèche aperçue sur les écrans. J’ai commencé à doses homéopathiques, mais j’ai quand même faille détruire plusieurs fois ma radio, ma télé, mon portable.
Et j’en ai encore pour quinze jours (j’espère). Je suis sidéré. C’est face à Macron que les sondages prévoient son plus mauvais score, et c’est 36 % ! Quoi, plus d’un français sur trois prêt à voter pour l’extrême-droite.  Si le champion du centre fait un faux pas, on a du Marine pendant… non, pas 5 ans, mes pauvres amis… car le sceptre entre les mains, elle va le coller à l’Araldite, et se tarauder l’arrière-train pour le visser au trône de France. Et quand on voit ses acolytes, on comprend pour qui le mot sbire a été inventé. J’en tremble.
Elle a pourtant tombé le masque quand son score stagnait dans les sondages, et ressorti sa vieille soupe sur ses vieux fourneaux, haine, haine, haine des autres, haine de l’euro, haine de l’Europe, haine de l’immigration, haine du musulman qui vient manger le pain des français (manque de chance, il est parti, et c’était le boulanger, merci Fernand Raynaud). La vieille recette qui désigne toujours un ennemi à la vindicte populaire, l’écume à la bouche et le verbe ordurier.
Hélas, elle marche, cette recette.
Il ne faut pas se tromper de cible, comme je le fais d’ailleurs ci-dessus (mais ça fait du bien). Tout ce que j’ai écrit, tout le monde le rabâche depuis des lustres, en pure perte, la peste brune attire bientôt 36 % des électeurs contre 18 en 2002. De même que la sortie de crise du terrorisme doit se traiter à la source, au Moyen-Orient, de même la seule solution pour enrayer cette montée n’est pas de diaboliser le FN. Pour éviter qu’une bonne part de l’électorat, ballotée, désabusée, déçue, inaudible, ayant tenté toutes les options sauf une, décide de se boucher le nez et de plonger dans le purin en se disant : « Tentons-le, cela ne peut pas être pire », pour éviter cette tendance profonde, donc, la tâche du nouvel occupant de l’Elysée sera immense.
Le lit du FN, c’est bien ce mépris affiché des salariés, des employés, des petites gens ; la montée de l’extrême-droite se nourrit de ces regards supérieurs condescendants, vers celles et ceux qui n’ont pas demandé à naître dans un monde où il faut être le meilleur, faire plus, faire mieux que son voisin, viser sans cesse l’excellence. Non, il doit être possible de vivre décemment sans se transformer en winner aux dents longues. L’écart s’est de plus en plus creusé au fil des dernières années, un vrai fossé existe maintenant entre les gagnants brillants et les perdants amers, alors qu’il faudrait un vaste champ de vivre ensemble, une pénéplaine accueillante où le haut du pavé côtoierait le bas du fossé.
Vous verrez que l’on arrivera au vrai revenu universel, vous verrez qu’un jour, on dira « tout travail mérite salaire, mais tout salaire ne mérite pas travail ». On en reparlera, je sais, même mes amis bien de gauche se hérissent à mes propos… Pour la prochaine fois, je vous demande de réviser l’invention du travail, eh oui, cette notion n'a pas toujours existé.






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