J’ai connu le vertige au volant de ma Grand
Scenic diesel de cadre… bien dans son cadre.
Vous l’imaginez, ce n’est pas la griserie de la
vitesse, ni le vrombissement du 4 cylindres pépère qui en sont la cause.
Non, c’est l’écoute attentive de la
retransmission du discours d’investiture de Donald Trump devant ses partisans
sur l’esplanade du Capitole.
A tout le moins, cet homme ne pratique pas la
langue de bois. Quinze petites minutes pour un concentré
virulent de populisme racoleur, de nationalisme à outrance et de rejet de
l’autre.
Sous les coups répétés de ce vocabulaire
brutal, j’ai lentement eu la vision d’un gouffre qui s’ouvrait sous mes roues,
la sensation glacée d’un vide qui s’installait.
Et petit à petit, sans réflexion, une
expression s’est imposée dans les limbes de mon cerveau : WWIII. World War
3. La troisième guerre mondiale.
Je ne sais pas pourquoi cela m’est venu, mais
j’ai dû réagir avec mes tripes, mon ventre qui, paraît-il a aussi un cerveau. Merci Nietzsche, l’intuition est plus sure
que la raison, même si elle ne sait ni pourquoi ni comment.
Le martèlement médiatique permanent des
malheurs de notre monde-village nous fait presque oublier que, bon an mal an,
la planète est plutôt en paix depuis plus de 70 ans. Même si ce point de vue
global peut faire hurler irakiens, syriens, ukrainiens, soudanais…
Mais, petit-à-petit, j’ai l’impression que
l’équilibre devient moins stable.
Et que dit le président de l’état le plus
puissant du monde ? « Je vais m’occuper de mes affaires, commencer
par faire un vrai mur avec mes voisins, et un mur douanier avec le reste du
monde. Je veux vivre heureux et caché. Quoi ? Les USA, gendarme du
monde ? Très peu pour moi. Ah, les terroristes, oui, je vais m’en occuper,
car ils me visent directement, mais pour le reste, « les clés du pouvoir
sont dans la boîte à gants »….Vous savez, depuis que j’ai le gaz de
schiste, je me soucie beaucoup moins du Moyen-Orient, et du reste du monde
d’ailleurs. En clair, je laisse bien les russes, les chinois, et n’importe qui
d’ailleurs, se partager le monde, tant qu’ils me foutent la paix. »
Et que voit-on, depuis? La Russie joue déjà en solo l’arbitre de la
Syrie, que va-t-elle faire en Ukraine, en Abkhazie, en Ossétie, ailleurs
bientôt ? Elle commence à s’immiscer dans toutes les élections par
manipulation Internet interposée. Avec les USA occupés à faire tourner les
bétonnières pour leur mur, le champ est libre.
Alors voilà, « si vis pacem, para
bellum. ». Les militaires et vendeurs d’armes de tous les pays peuvent se
frotter les mains. Les suédois restaurent leur service militaire par peur de
leur voisin russe (ce n’est pas une série télé), les colonies israéliennes
prolifèrent à nouveau, et ce n’est pas un gage de stabilité pour
l’avenir...Sans parler de la montée des nationalistes de tous bords dans les
démocraties ébranlées, Pologne, Hongrie, Autriche, Pays-Bas, et même UK avec le
Brexit horribilis. Autant de discours où le repli sur soi va de pair avec la
peur de l’autre, pour aboutir à la haine. Même en France, ne croyons pas que
nous saurons toujours dire non à la tentation.
Et statistiquement, plus il y a d’armes, plus
on risque de s’en servir.
Heureusement, l’Allemagne et la Chine tiennent
encore au monde d’aujourd’hui… C’est vrai qu’elles sont les usines de la
planète, et qu’il leur faut conserver des clients prospères !
Allons, ne perdons pas espoir, la Realpolitik
et le pragmatisme chinois vont peut-être sauver le monde !
PS d’avril : Trump n’est plus le gendarme
du monde en effet. Non, c’est le shérif ! Il a déjà renié 4 ou 5 promesses de son
investiture et son colt est encore chaud. A croire qu’il marche uniquement à l’instinct, imprévisible.
Lui écoute son cerveau reptilien, ça sert à quoi le cortex, regardez Obama ! Mais bon, vais-je me sentir rassuré pour autant, quand il envoie des missiles sur Bachar, un
porte-avions en mer de Corée ? La réponse est oui, et c’est terrible de l’avouer, je sais,
complètement irrationnel.
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